14 avril 2023
Pour bien intervenir dans le milieu des OBNL, je me suis rapidement rendu compte qu’il est important de faire la différence entre économie sociale et intervention communautaire. J’avoue que leur définition était confuse pour moi aussi avant de m’y intéresser.
En sachant mieux décrire votre organisation et celles qui vous entourent, vous pourrez avoir un meilleur impact sur votre mission. Les termes sont étroitement reliés aux modèles d’affaires, aux sources de financement et à l’offre de service. On peut également faire de l’intervention communautaire dans une organisation issue de l’économie sociale. Les deux ne sont pas indissociables. Faire la différence entre les deux modèles vous permettra donc de mieux communiquer et de vous adresser aux bonnes instances.
Je vous présente les concepts comme je les perçois et les utilise dans ma pratique ou lorsque j’enseigne. Il est possible que certains d’entre vous soient en désaccord ou trouvent qu’il manque de détails. Si c’est le cas, je vous invite à me contacter pour que je puisse ajuster ma vision et bonifier ce texte.
Ce terme fait référence à l’organisation d’un groupe ou d’une structure qui désire avoir un impact positif sur son milieu ou sa communauté. Le tout intègre des notions de changement social et de contribution au développement collectif.
Une grande proportion des OBNL ont l’intervention communautaire comme finalité ou comme modèle d’affaires. Ce qui implique qu’ils n’ont pas vraiment de services ou de produits à vendre. Par contre, ils occupent un rôle prépondérant dans une cause, une clientèle ou un milieu de vie. Ce sont très souvent des organisations qui ont très peu de revenus autonomes, voire pas du tout, et pour qui les subventions, les dons et les revenus de fondations constituent la majorité de leurs entrées de fonds.
Même si les opérations commerciales ne sont pas au centre de leurs activités, la segmentation et la connaissance des clientèles restent un travail vital à faire pour maximiser l’impact et les retombées de leurs interventions. L’utilisation de segments est une façon d’être plus efficace, de prioriser les actions et de mieux attribuer les ressources. En connaissant votre marché et votre milieu, vous constaterez que certaines personnes ou organisations auront une influence plus forte sur votre mission. Vous devrez donc les identifier, les regrouper et orienter vos premières actions auprès d’elles. La majorité d’entre vous le fait de manière instinctive et a des résultats inégaux. Nous vous conseillons de mieux planifier ces gestes et d’aller chercher plus de données sur votre milieu, secteur, cause et clientèle pour amplifier la portée de votre mission.
Au Québec, l’économie sociale est bien encadrée et définie dans une loi : E-1.1.1 — Loi sur l’économie sociale. Mais si on résume, ce terme fait référence à des organisations qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale, à créer de la valeur pour la réinvestir dans une mission ou une cause collective. Nous pouvons aussi parler d’organismes non lucratifs ou à lucrativité limitée (bénéfices réinvestis au service du projet collectif). En économie sociale, l’amélioration du bien-être des membres, des individus et des collectivités prime sur les retombées financières. L’organisation se définit plus par sa finalité que par son statut juridique ou sa structure de financement.
Ce principe n’est pas nouveau même si on a l’impression que c’est une terminologie récente au Québec. Par contre ce qui est inédit, c’est l’étalement de la philosophie comme moyen de faire progresser l’ensemble de la province. Il faut garder en tête que depuis des lustres, le concept de « profits » dans les organisations sans but lucratif est mal perçu. Remercions notre tradition de charité et notre bagage judéo-chrétien où toute discussion autour de l’argent et de profits a toujours été et reste sensible. Même la terminologie est influencée, il n’est pas rare de changer le terme profits pour excédents ou surplus pour ne pas heurter les cœurs sensibles.
Voir aussi : Les OSBL (OBNL) et les profits — mythes et perceptions à clarifier
L’utilisation des profits : c’est très souvent autour de cet aspect que la différence se fait. Une des forces de l’économie sociale, en comparaison avec le modèle d’intervention communautaire, est de pouvoir déployer une offre de services ou de produits qui, en plus de soutenir la mission, viendra créer des revenus et des excédents pour solidifier l’organisation.
Au niveau du financement, la différence majeure c’est que l’organisme qui applique les notions d’économie sociale est moins limitée dans ses sources de revenus. Dans certains cas, elle pourra sortir du cadre de son intervention pour offrir des biens et services afin d’obtenir de nouveaux fonds qui alimenteront la mission. Les gestionnaires créatifs vont souvent faire de petits miracles pour maximiser les opportunités d’affaires.
Il est possible que vous trouviez que votre organisation ne corresponde pas à l’une ou l’autre de ces définitions. Ne vous inquiétez pas, c’est normal. Il y a un grand nombre d’OBNL qui ne sont pas « typique » et qui ne possèdent pas les caractéristiques principales évoquées dans ces définitions. Cela ne rend pas votre mission moins importante pour autant. Pour améliorer le Québec de demain, il existe une panoplie de possibilités.
Les deux types de concepts sont positifs pour la collectivité. Cependant, le modèle d’économie sociale est plus autonome et réussit à avoir une meilleure pérennité dans un contexte de retrait du financement gouvernemental.
--- publié le 14 avril 2023
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5 mythes à changer sur les OBNL (article)
C’est quoi au juste l’impact social? (article)
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À propos de l’auteur
Stéphane cumule plus de 29 ans d'expérience dans le monde des organismes à but non lucratif (OBNL). Ancien président d'Événement’ciel pendant 15 ans, il a également offert des services et formations en commandite et revenus autogénérés de 2011 à 2017 sous le nom le Concierge Marketing. Pédagogue reconnu, il a enseigné la stratégie, le financement et la commercialisation événementielle à l'ITHQ. Certifié administrateur de sociétés, il a complété le programme de certification universitaire en gouvernance de sociétés de l’Université Laval. Passionné par des sujets tels que la gouvernance, la commercialisation, le financement, le membership, et la gestion d'OBNL, Stéphane partage régulièrement des contenus originaux sur www.espaceobnl.ca.
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